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Amazonie 2030 : la bioéconomie comme modèle durable 

Allier la biodiversité à la technologie et à l’innovation, c’est le principe de la bioéconomie. Le Brésil, plus spécifiquement l’Amazonie, dispose d’un fort potentiel dans ce domaine, qui représente l’une des plus grandes perspectives de développement durable.


L’Amazonie offre un terrain propice à l’exploration de nouveaux modèles de développement innovants et durables. Sa biodiversité constitue un atout économique pour les grandes entreprises de nombreux secteurs. Il est désormais temps pour les entreprises et les acteurs économiques de prendre part à cette transformation et d’en bénéficier. Pour cela doivent s’engager résolument vers un modèle de développement respectueux de l’environnement et socialement responsable. 

Qu’est-ce que la bioéconomie ?

Le modèle de développement qu’est la bioéconomie étudie les systèmes biologiques et les ressources naturelles, ajoutant la biodiversité aux nouvelles technologies et à l’innovation. Son principal objectif est de développer des produits et des services plus durables dans divers secteurs économiques, tels que les produits pharmaceutiques, l’alimentation, les cosmétiques et les biocarburants notamment.

Les recherches sur la bioéconomie sont nées d’une série d’innovations appliquées dans le domaine des Sciences Biologiques.

Il s’agit donc d’un concept qui, tant en théorie qu’en pratique, est directement lié au développement durable et à l’utilisation de produits et de processus biologiques dans les domaines de la santé humaine, de la productivité de l’agriculture et de l’élevage, ainsi que de la biotechnologie.

On peut dire que la bioéconomie est tournée vers l’avenir, car il s’agit d’un modèle de production industrielle fondé sur l’utilisation durable des ressources biologiques, en préservant leur capacité à être conservées ou maintenues à long terme.

Son objectif est de répondre aux besoins économiques des systèmes de production actuels. Ce faisant, elle accroît également la capacité des générations futures de toutes les espèces à répondre à leurs propres besoins, mesure qu’il est urgent de commencer à prendre.

3 approches de la bioéconomie 

Selon une étude réalisée en 2022 par le World Ressources Institute, on retrouve trois approches de la bioéconomie :

Bioéconomie biotechnologique

Dans ce premier type, les critères de durabilité passent au second plan. La priorité est donnée à la croissance économique et à la création d’emplois. 

Bioéconomie des bio-ressources :

Dans ce cas, il existe un meilleur équilibre entre la durabilité et la croissance économique, mais il est encore loin d’être idéal. La nécessité d’accroître l’activité économique peut augmenter l’utilisation des ressources naturelles. La nécessité d’accroître l’activité économique peut augmenter l’utilisation des ressources naturelles. 

Bioéconomie bioécologique

Contrairement aux autres types de bioéconomie, la durabilité est ici la priorité, de même que la promotion de la biodiversité sociale et la conservation des écosystèmes. 

Au Brésil, différentes approches sont utilisées selon le contexte et la structure gouvernementale. Dans le cas de l’Amazonie, la bioéconomie bioécologique est envisagée comme un modèle de développement potentiellement plus valorisant pour la région.

Nous avons eu le plaisir de discuter des opportunités commerciales durables dans la région amazonienne lors de notre événement en partenariat avec la Chambre de Commerce du Brésil à Paris.

Cette approche de bioéconomie vise à utiliser les ressources biologiques de manière efficace et durable tout en préservant les écosystèmes et la biodiversité sociale. Elle favorise l’équité sociale et environnementale en encourageant des systèmes de production équitables et inclusifs. Elle valorise le travail et les connaissances des communautés locales.

Cependant, la mise en œuvre de ces idées doit également garantir la conservation de la forêt, l’équilibre écologique, le bien-être des populations locales, la lutte contre les activités illégales, la préservation des territoires indigènes, ainsi que l’investissement dans la science et la technologie.

Il est crucial d’intégrer l’ethno-connaissance, c’est-à-dire le savoir collectif des peuples autochtones, sans s’approprier leur savoir, dans le développement de la bioéconomie bioécologique de l’Amazonie. Ces connaissances, aussi appelées ethnosciences, viennent de leurs pratiques quotidiennes dans la forêt et sont transmises de génération en génération.

Les 5 Amazonies

D’autre part, il existe plusieurs « mondes » au sein de l’Amazonie. En pratique, cela signifie que chaque partie de la forêt et ses particularités doivent être prises en compte dans ce processus. C’est un défi de taille. 

Si l’Amazonie était un pays, elle serait le 6e au monde en termes de superficie. Partant de ce constat, les chercheurs du projet Amazonie 2030 ont élaboré l’étude « Les 5 Amazonies : bases pour le développement durable de l’Amazonie légale ». 

Dans cette étude, la forêt a été subdivisée en

  1. L’Amazonie forestière : il s’agit des zones les plus préservées de l’État d’Amazonas et du nord de l’État du Pará, qui occupent 39 % du territoire. 
  2. L’Amazonie forestière sous pression : elle couvre 29 % de l’Amazonie légale et correspond aux zones qui souffrent le plus de la déforestation et de l’exploitation. 
  3. L’Amazonie déboisée : elle correspond à 11 % du territoire de l’Amazonie légale et ces zones sont sous-exploitées ou abandonnées.  
  4. L’Amazonie non forestière (cerrado) : elle représente 21 % de l’Amazonie légale et est principalement recouverte d’une végétation de cerrado. Elle est concentrée dans le Mato Grosso, le Tocantins et le Roraima. 
  5. L’Amazonie urbaine : partie de l’Amazonie légale qui concentre la plus grande partie de la population de la région, environ 76 % des habitants vivant dans des zones urbaines. 

Chacune de ces macro-zones fait l’objet de recommandations et de besoins différents. Par exemple, pour l' »Amazonie forestière sous pression », l’une des principales recommandations de l’étude est de lutter contre la déforestation. 

Le Brésil a l’opportunité de se distinguer mondialement en développant un modèle bioéconomique spécifique aux forêts tropicales. Pour y parvenir, les décideurs et les investisseurs du monde entier doivent prendre en compte l’intégrité de sa biodiversité.

Symbiose économique entre la nature et l’Homme

Certains modèles économiques actuels mettent en avant la nature aux côtés de l’homme pour promouvoir la bioéconomie en Amazonie. 

Ils se fondent sur une utilisation stratégique et harmonieuse des ressources naturelles. Ainsi, ils évitent leur épuisement et s’inscrivent dans une approche durable de la bioéconomie. Découvrez quelques exemples ci-dessous.

Économie du donut

L’économie du donut, par exemple, est un modèle de développement économique qui comprend que tous les besoins fondamentaux des êtres humains doivent être satisfaits, non pas au détriment de la nature, mais dans le respect des limites planétaires. 

Le nom « donut  » fait référence à la structure visuelle d’un donut, dans lequel le trou au milieu représente les aspects sociaux du maintien d’une bonne qualité de vie, tandis que le bord est une analogie des limites planétaires. 

L’objectif principal du modèle est de reformuler les problèmes économiques et de fixer de nouveaux objectifs. Dans ce format, une économie est considérée comme prospère lorsque toutes les bases sociales sont satisfaites sans dépasser les limites écologiques. 

Économie circulaire 

L’économie circulaire est une autre perspective qui s’intéresse à la circularité des ressources utilisées dans le processus de production. L’objectif n’est pas de produire des déchets, mais plutôt de réfléchir à leurs cycles futurs et retrouver une valeur ajoutée. 

Le concept est apparu pour la première fois dans un article rédigé par les économistes et environnementalistes David W. Pearce et R. Kerry Turner, publié en 1989. 

Centré sur le recyclage, l’article présentait un concept plus large qui s’opposait à l’économie linéaire traditionnelle. La solution préconisait de remplacer une logique d’extraction, de production et d’élimination par un modèle cyclique qui reproduit le comportement de régénération de la nature.

Le défi central de l’économie circulaire est de préserver la valeur des matériaux et des produits par le biais de différentes solutions, y compris la conception, et la coalition entre les chaînes de production comme moyen de re-signifier la valeur de ces chaînes.

Économie régénérative 

L’économie régénérative propose une voie qui évalue la valeur de l’environnement, des personnes et de leurs relations au sein des systèmes de production. Des valeurs qui ne sont généralement pas prises en compte, mais qui ont une grande influence et un grand impact.

L’objectif est de renouveler et de réutiliser les ressources en tant que première alternative : il s’agit d’examiner ce qui a déjà été endommagé, les communautés et les écosystèmes dégradés, de tirer le meilleur parti des flux d’énergie plutôt que de générer de nouvelles dépenses susceptibles de les épuiser.

Capitalisme conscient / capitalisme des parties prenantes 

Une autre possibilité est le capitalisme conscient ou le capitalisme des parties prenantes, dans lequel l’objectif et le succès de l’entreprise sont mesurés en fonction de sa contribution au développement de la société dans son ensemble, et qui est utilisé dans le cadre de la certification System B. 

Le capitalisme axé sur l’être humain favorise une économie dans laquelle la valeur générée pour les personnes est l’atout le plus important et devrait être l’objectif ultime de toute institution.

Des labels durables ont vu le jour, tels que System B, qui permet aux organisations de voir au-delà des dividendes. Les discussions s’orientent vers un capitalisme plus humanisé et systémique. En d’autres termes, es personnes et l’environnement sont plus importants que l’argent.


Le Brésil détient environ 20 % de la biodiversité mondiale, ce qui en fait le pays le plus riche en diversité biologique. Cette richesse naturelle offre non seulement des avantages écologiques inestimables, mais également des opportunités économiques durables. La protection et l’innovation durable de l’Amazonie représente des opportunités pour les entreprises qui souhaitent devenir acteurs de ce changement.

Pour faire partie de cette transformation durable, téléchargez notre rapport en anglais Amazon 2030: mapping possible futures.

Dans ce rapport vous trouverez comment la contribution au développement économique et social du Nord du Brésil favorise l’innovation et la naissance d’opportunités commerciales durables. Contactez-nos experts pour discuter du rôle de votre entreprise dans le développement local et la protection de l’environnement.

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