L’année 2020 a initié l’ère du nouveau normal. Un virus apparaît dans une région du monde et soudain, tous les humains de la planète sont confinés. Nous ne pouvons pas dire que tout a changé, mais une grande partie de ce que nous connaissions comme « normal » a basculé presque du jour au lendemain. Comment identifier les risques et les opportunités dans ce monde post-pandémie ?

Les défis d’un monde émergent

Parmi les changements que l’on a observé depuis le début de la pandémie, on remarque que le concept de BANI succède à celui du VUCA. Apparue d’abord dans l’armée américaine, la pensée VUCA est très utilisée depuis les années 80. 

L’acronyme anglais VUCA correspond à Volatility, Uncertainty, Complexity, Ambiguity, qui insiste sur la difficulté de prendre de bonnes décisions dans un contexte de changements fréquents, souvent drastiques et troublants.

Toutefois, aujourd’hui, cette approche ne nous permet plus de comprendre ce qui se passe dans un monde où il est devenu presque impossible de prédire les conséquences des défis actuels. Pour anticiper et concevoir le futur, Jamais Cascio nous propose donc plutôt ce concept de BANI : Brittle, Anxious, Non Linear, Incomprehensible (ce qui correspond à ​Fragilité, Anxiété, Non linéaire et Incompréhensible).

Qu’est-ce qui change exactement ?

Nous en entendons parler depuis un moment, tous les aspects de la vie tels que nous la connaissons ont subi des transformations. Aujourd’hui il y a beaucoup moins d’interactions physiques, mais nous sommes plus que jamais connectés grâce au numérique. Pour réussir ce changement, nous avons repensé notre mode de fonctionnement.

En effet, les entreprises ont su s’adapter grâce au travail à distance et collaboratif ; les systèmes d’éducation se sont réinventés ; et la société en général a fait évoluer les comportements. 

​​L’ère post-normale est caractérisée par la confluence de la complexité, du chaos et des contradictions. Avant, il ne s’agissait que de prendre des décisions rapidement, car nous savions que les choses allaient changer, mais nous ignorions la direction de ces changements.

Le vrai défi des temps post normaux est que tout est devenu plus rapide et extrêmement nouveau. Lorsque nous observons un changement, il s’est déjà produit et a engendré tellement de nouveautés que les règles actuelles n’y s’appliquent plus.

Ce n’est donc pas que le rythme du changement soit plus rapide, mais c’est la nature même du changement qui est en train d’évoluer. Il n’y a pas d’innovation sans regard vers l’avenir, la seule certitude est la nécessité de se réinventer.

Quels sont les risques imminents ?

Économie : Fragile et Instable

L’arrêt obligatoire des activités économiques pour contenir le Covid-19 a eu un impact fort en particulier pour les personnes qui étaient déjà vulnérables dans un contexte pré-pandémique, notamment les jeunes et les ouvriers non qualifiés.

Au cours des prochaines années, nous assisterons à un scénario économique instable et fragile. Dans ce contexte, les entreprises qui se sont renforcées pendant la pandémie, comme les Big Techs, ont tendance à poursuivre leur expansion en raison de la transformation digitale croissante. 

À  l’inverse, les micro, petites et moyennes entreprises (MPME), et en particulier celles des minorités comme les entrepreneurs noirs et les femmes, vont faire face à de grandes difficultés si elles ne sont pas soutenues.

Ces mêmes MPME emploient généralement des travailleurs dans les économies nationales. Cela peut avoir un lien avec le risque de stagnation prolongée d’ici les 2 prochaines années.

Société : Inégale Désillusionnée

La récession mondiale causée par les pandémies devrait plonger près de 150 millions de personnes dans l’extrême pauvreté. D’autre part, on observe que des limites à l’enseignement à domicile existent, dues notamment au manque d’accès à Internet. 

Cela représente un recul très important dans l’agenda mondial du développement humanitaire et cela pourrait être le déclencheur de l’érosion de la cohésion sociale dans le monde.

Sans changements radicaux dans le monde de la santé, du travail et de l’éducation, nous risquons d’être confrontés à un monde caractérisé par des inégalités croissantes, une dégradation de l’environnement, et l’augmentation de violences, en particulier chez les jeunes. 

La transformation de l’industrie technologique entraîne de réelles perturbations sociales. En raison de l’automatisation des emplois à bas salaires, qui constituent un filet de sécurité possible pour les jeunes travailleurs, les perspectives économiques seront limitées. Enfin on peut s’attendre à une détérioration croissante de la santé mentale sur les deux prochaines années.

Technologie : Dangereuse et Centralisée

L’isolement social déclenché par la pandémie a intensifié l’utilisation de la technologie aux fins les plus diverses. Bon nombre de personnes ont dû consacrer une grande partie de leurs activités quotidiennes au numérique. Pour ceux qui ont pu accéder à Internet dans ces circonstances, la majorité de ces nouvelles habitudes devraient être maintenues.

Pour les prochaines années, cependant, le domaine de la technologie sera marqué par la centralisation des accès au réseau et par l’insécurité. L’absence d’accords internationaux de gouvernance sur la cybersécurité pourrait augmenter le risque de surfer sur Internet et d’exposer les utilisateurs à des fuites de données et à une utilisation inappropriée des données.

À  l’inverse, l’autre partie de la population risque d’être séparée du processus de numérisation, révélant un nouveau visage des inégalités sociales sur les deux prochaines années. Deux faces d’un même processus renforçant les inégalités sur les deux prochaines années.

Environnement : plus chaud et plus vulnérable

La  crise provoquée par la pandémie a mis en lumière les impacts des éléments perturbateurs à l’échelle mondiale. C’est en ce sens que l’alerte donnée pour combattre le réchauffement climatique a pris de l’importance. Cela a intensifié la discussion sur ce que nous devons faire maintenant pour atténuer les risques de la crise climatique dans les années à venir.

Si nous n’agissons pas, le réchauffement climatique va augmenter, et les événements météorologiques deviendront plus intenses et constants, exposant la vulnérabilité humaine à la crise environnementale.

Les humains ont déjà réchauffé la planète d’environ 1,1 degré Celsius depuis le 19e siècle, en grande partie en brûlant du charbon, du pétrole et du gaz pour produire de l’énergie. 

Récemment, un rapport de l’ONU sur les changements climatiques sonnait  « l’alerte rouge » pour l’humanité. En effet, l’augmentation des canicules, des incendies de forêt et des temps de fortes sécheresses montre qu’il s’agit bien d’une situation d’urgence. 

L’ensemble de ces signaux faibles nous annoncent les risques d’événements météorologiques extrêmes d’ici à 2 ans et même la perte de biodiversité de 6 à 10 ans.

4 stratégies pour anticiper les risques

Pour anticiper les risques et les opportunités possibles pour votre entreprise dans ce monde post-pandémique, il existe plusieurs stratégies, parmi lesquelles :

En créant un système de surveillance réactif basé sur les données pour identifier rapidement les risques émergents. C’est-à-dire, utiliser les données pour évaluer les risques de contrepartie et de portefeuille sectoriel.

En repensant et optimisant les processus de gouvernance, comme les communications et la détection des fraudes. Cela peut se traduire par améliorer les canaux de communication avec les parties prenantes sur les risques émergents.

En développant une capacité d’analyse prospective dans le but d’identifier les risques émergents. En d’autres termes, systématiquement repérer et analyser les signaux faibles.

Enfin, en créant la capacité de coupler la croissance incrémentale et l’innovation d’entreprise.

Il s’agit par exemple d’établir une évaluation systématique de votre portefeuille de services, sur la base de l’observation des risques émergents. 

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